L'art est la preuve que l'ordinaire est extraordinaire ", cette sentence d'Amédée Ozenfant, colle parfaitement au travail d'Alain Boccard. Ses prises de vues ne racontent rien, ni ne démontent, ni ne dénoncent. Elles n'en ont pas la prétention. Ses photos d'architecture ne disent rien d'un édifice, elles en prélèvent un détail, en capturent un fragment. Car la fragmentation est un art et l'on pourrait avancer que tout art est fragmentation...
C'est ainsi qu'un paysage, un visage ou une architecture soudain s'éteignent en tant que tels, perdent leur statut premier au profit d'un autre, inattendu. Il a suffi d'un instant fragile et ténu, celui qu'il faut à la focale pour absorber l'essentiel et nous le rendre tout autre. C'est le point de chauffe fugace où tout bascule, celui où s'opère, dans cet improbable athanor, la transmutation de "l'ordinaire" d'Ozenfant en un "extraordinaire", l'endroit précis où, d'un même mouvement, se résout la vieille tension entre figuration et abstraction.